L’ANIMAL DE SA PROPRE EXISTENCE

Quand son ami
Lui demande :
« et
toi
il y a dix ans
si
tu te regardais
maintenant
De quoi
Tu serais
Le plus
Impressionné ? »

Alors
Sans réfléchir
Sans chercher
Non plus
Il repense
A ces créations
Désormais
Qui doivent
Sortir
Et exister
Pour elles-mêmes.

A cette avancée
Permanente
Régulière
Comme une roue
Qui ne cherche pas
A rejoindre
A atteindre
Seulement
A accompagner
Chacune volonté
D’un mouvement
Intérieur.

Il est un chariot
Qui
Transporte
Dignement
loyalement
Une énergie.
Un outil
Au service
des élans
De sa vie.

Il est
L’animal
De compagnie
De sa propre existence.
Un chien fidèle
et aussi
un félin
Qui soudainement
Change de chemin.
Parfois se cache
Parfois
Sans savoir
Pourquoi
court
Et puis bondit.

ll est

et sait
qu’il sera
naturellement
un beau jour
remisé
mis de côté.

En attendant
il continue
Méthodiquement
soigneusement
A
Suivre
une voix
qui
Ordonne
Ses pas
Et qu’il sert
Avec le dévouement
L’honneur
De celui
Qui accompagne
La plus grande des reines
Le plus prestigieux
des rois.

Et
lui
il y a dix ans
S’il le regardait
Maintenant
serait impressionné
De le voir
Chaque jour
s’activer
Continuer
Peu importe
au final
l’échec ou le succès.

Impressionné
Et aurait
aussi
A son égard
Une forme de pitié.

Pour avoir abandonné
Toute volonté de dominer
Il verrait dans cet homme
Au service
Un être
Sans personnalité.

Et en même temps
Quelque chose
l’appellerait.
L’appellerait.

Plus il l’observerait
Plus il voudrait
Quelque part
Lui ressembler.

Comme s’il pressentait
que derrière
Une forme
De renoncement
Pouvait
Se glisser
une puissance
Une force
Une liberté.

Comme s’il ne voulait
Devenir
Rien d’autre
Depuis le début
Que cet homme
Qui plantait des arbres
Chez Giono :
Elzéard Bouffier.

Il est
L’animal
De compagnie
De sa propre existence.
Un chien fidèle
et aussi
un félin
Qui soudainement
Change de chemin.
Parfois se cache
Parfois
Sans savoir
Pourquoi
court
Et puis bondit.

Et puis bondit.